Voilà le sujet de mon prochain Film, dans le cadre d'une mini série intitulées... De mémoire d'Anciens...
Cette mini série qui a pour objectif de faire découvrir un lieu, des êtres qui ont connu des changements de vie incroyables en très peu de temps et pour lesquels ces changements ont définitivement bouleversé le cours de l’existence !
Titre du 1 er film :"Naître à St. Barthélémy en 1910..."
St Barthélémy!
Une petite île des Antilles françaises, située au nord de la Guadeloupe dont, bon nombre d'entre nous, ne connaissent qu'une facette... celle d'un petit paradis pour jet-setteurs en mal d'exotisme, de soleil et de sécurité!
Or, si on se donne la peine de regarder au-delà des apparences, si on va à la rencontre des natifs de l'île, et particulièrement des anciens, on découvre un univers très différent.
Et, surtout, on découvre que 40 ans, plus tôt, ce qui est aujourd'hui un paradis de luxe et de douceur de vivre, était un lieu de misère où l'énergie des êtres était centrée sur la survie!
Un peu d'histoire...
St. Barth, est d'abord peuplée par différentes ethnies indiennes, jusqu'au 10 siècle après JC. Ensuite, découverte par Christophe Colomb en 1493, elle sera baptisée St. Barthélémy en hommage à son frère.
Ce caillou minuscule, sans source d'eau potable et sans richesse naturelle, a longtemps été dénigrée par ses propriétaires successifs. Son seul intérêt était géographique! La vie y était terriblement dure. Peu de colons s'y installèrent. Les premiers des Français, 40 à 50 hommes, s'y installent entre 1635 et 1648.
En 1784, la France vend St. Barthélémy à la Suède. Le joug suédois permettra à St. Barthélémy de connaître, enfin une ère de prospérité. En 15 ans, Gustavia, la capitale, deviendra la 6ème ville de Suède (5000 habitants) et sa prospérité, due au port franc fera des envieux!
Un siècle plus tard, St. Barthélémy redevient française à la suite d'un référendum. Elle garde son statut de port franc. Son rattachement à la France signe pour ses habitants le début d'une longue descente vers une nouvelle misère.
Le second essor de St Barth est très récent. Il date de la fin des années 1970 et, plus précisément, de 1985.... Son drame, ne pas avoir d'eau potable, qui a rendu difficile le développement de cultures, d'élevages ou d'industries, est devenu sa chance. Presque par hasard, Rockeffeller découvre ce bout de rocher, il éprouve un énorme coup de coeur. Et, il y achète des terres, s'y fait construire une maison, y invite des amis et relations, et ... le mythe St Barth naît!
Pourquoi ce film...
J'ai découvert St Barth quand j’étais enfant. Je n’y étais jamais retournée car, à mes yeux, c'était devenu le St. Tropez des Antilles, refuge hivernal de la Jet set et cela suffisait à me couper l'envie de la redécouvrir. Les hasards de la vie m’ont permis de rencontrer des St. Barth de souche. Ils m'ont parlé de leur île et j’ai eu envie d'aller voir par moi-même à quoi ressemblait, aujourd’hui, ce confetti du bout du monde.
Quel choc ! J’ai eu l’impression d’être transportée dans un autre monde, d’avoir fait un bon, d’au moins une centaine d’années. L’île que je découvrais n’avait plus rien à voir avec celle de mes souvenirs. Il y avait des routes, l’électricité, tout le confort moderne. En revanche ce qui n’avait pas changé, c’était : les êtres ! Des êtres d'une grande générosité, humbles, reliés à la réalité de la vie et d'une hospitalité discrète et irréprochable!
St. Barth possède une population âgée et gaillarde, importante.
Cette mémoire vivante est un privilège, un cadeau de la vie que l'on ne peut laisser s'éteindre sans en recueillir les souvenirs et le vécu. Ces êtres ont connu une pauvreté immense. Ils peuvent témoigner de leur vécu. Et nous, nous ne pouvons pas passer à côté de cette opportunité fantastique.
La jeune génération à St. Barth n'a que peu ou pas conscience de l'incroyable transformation qu'a connu cette île en quatre décennies.
La jeunesse insulaire mais aussi les touristes qui abordent l'île ne connaissent de St. Barth que ce qu'elle est aujourd'hui: Une île où il fait bon vivre.
Qui aujourd'hui, à part les anciens, sait qu'il y a quarante ans St. Barth n'était parcourue que de chemins de terre, qu'il n'y avait pas de voiture et que pour traverser l'île du nord au sud, il fallait marcher sous un soleil de plomb pendant des heures. Qui sait que pour aller à l'école, la plupart des enfants empruntaient, chaque jour, des sentiers broussailleux pendant plusieurs heures, que de 1925 à 1973, les principaux et pour ainsi dire seuls revenus de l'île étaient la culture du sel des étangs de "Saline"... et la contrebande.
Qui sait que l'électricité n'existait pas sur l'île, qu'il fallait saler tous les aliments pour tenter de les conserver, qu'il arrivait souvent qu'il n'y ait plus à manger car la pêche avait été mauvaise ou que les bateaux en provenance de la Guadeloupe avec le ravitaillement en produits frais n'étaient pas passés, que les hommes partaient souvent pour des semaines voire des mois dès leur adolescence, laissant femmes, mères et enfants en bas âge, seuls, que la maladie ou l'accident était souvent fatal car la médecine n'avait de représentation sur l'île qu'à Gustavia, la capitale, et que quand on avait la chance d'y arriver, l'on n'y trouvait qu'un minimum de secours...
Tout cela, alors qu'à la même époque, en Europe ou même en Guadeloupe, le progrès permettait l'accès au confort pour tous, que les foyers avaient presque tous un réfrigérateur, que la voiture était un moyen de transport familial et habituel, que les transports en commun apportaient la mobilité aux moins fortunés, que la santé était à la portée de tous, que la scolarité était une évidence, que pour se nourrir, se vêtir, se distraire... il y avait des magasins partout et même des supermarchés.
En 40 ans, St. Barth est passée, de la misère absolue à l'opulence... et, la jeunesse de St Barth, les résidants non natifs de l'île, les touristes n'ont, pour la grande majorité, aucune conscience de cet incroyable bond en avant. En 40 ans, St Barth a fait un bond de géant que sur le continent nous avons fait en plus d'un siècle.
Les anciens y sont nombreux. A croire que la misère et la rudesse de la vie rendent les êtres solides! Ils ont en mémoire des aventures incroyables, des détresses, des dépassements. Certains d'entre eux ont le secret des plantes qui soignent. Tous ont un vécu, une expérience riche de savoirs et qui portent au respect et à l'admiration.
Aller à la rencontre de ce patrimoine mémoriel par le biais des confidences très intimes entre ces êtres d'une autre époque, pourtant si proche, et nous est le but de ce film.
Il ne s’agit pas de présenter une galerie de portraits mais de raconter une histoire par le biais du vécu et des souvenirs de certains êtres marquants de l’île. En d’autres mots, tenter de ressusciter un certain passé !