Merci France!
Tu m'as fait un immense cadeau.
Tu m'as permis de découvrir ce qu'était réellement l'amour inconditionnel. Et plus les jours passent plus je découvre l'immensité de ce cadeau...
L'autre soir, en rentrant de Bruxelles, après le cours de l'EEPA, je suis passée te voir à la clinique avec Jean Luc. Ton amie Claire avait eu la délicatesse de me faire prévenir... Tu n'avais plus que quelques heures à vivre!
Je suis arrivée vers 21h30. Ton "petit frère" Edouard, cet être que tu aimes tant, est venu nous accueillir. Tu m'as souvent parlé de lui. J'étais heureuse de mettre un visage sur cenom qui évoquait tant d'amour pour toi. Il était triste, le visage fermé, malheureux de ta souffrance, malheureux de te perdre. Il ne m'a rien dit, bien sûr, nous ne nous connaissions pas, mais c'est ce que j'ai perçu . Je me trompe peut être...
Il nous a guidé, Jean Luc et moi, jusqu'à toi. Ta maman était près de toi. Elle avait l'air fatigué, épuisé et pourtant elle nous a accueilli avec beaucoup de gentillesse et de bienveillance. J'ai vu une femme d'une grande dignité et d'une force vitale immense.
Edouard et elle nous ont laissé avec toi.
Tu respirais difficilement. Les effets secondaires de la morphine m'a expliqué Jean Luc.
Chère France...
Nous avons passé de longs moments ensemble depuis plus d'un an. Des moments forts, des moments drôles, des moments où tu étais en colère... Et tant d'autres !
France, ce trésor qui t'habite, ta lumière, tes rires, ton humour, tes doutes, tes peurs, ton amour de la vie et des autres, tes colères, tes révoltes.... Tout cela, je ne l'oublierai jamais.
Et ce dernier soir, cette dernière nuit... J'ai essayé de te donner avec humilité et amour le meilleur de moi pour t'aider à traverser, à vivre, à dépasser ces derniers instants dans ce corps qui te faisait tant souffrir.
Tu étais inconsciente, disent les médecins, mais je t'ai sentie si présente, si terrifiée. Je t'ai caressé les mains, les cheveux... Je t'ai donné de tout mon coeur ma confiance et mon amour. Je t'ai proposé de te plonger dans la réalité de ce que tu vivais à cet instant là, c'est à dire de ne pas donner prise à ces images qui t'effrayaient. Je t'ai proposé de te centrer sur l'amour et de t'y plonger. . . J'ai senti que tu étais prête mais que quelque chose te retenait. Alors, j'ai pensé à tes filles, Camille et Mathilde, ces deux petites princesses, soleils de ta vie.
Je t'ai dit que je m'engageais à être là pour elles quoiqu'il arrive. Et j'ai senti que tu t'apaisais. Je t'ai proposé de faire confiance à tes petites et d'accepter que la réalité présente était que tu allais quitter ce corps mais pas la vie...
Tu es partie confiante.
Tu savais que tu ne les abandonnais pas.
Tu es partie soulagée....
La réalité, France, la réalité absolue... C'est que ton amour innonde leurs vies aujourdhui et demain et dans 10.000 ans aussi.
Et c'est parceque tu l'as enfin perçu que tu t'es autorisée à partir.
France, grâce à toi, je me suis baignée dans la réalité absolue de lamour et dans son intemporalité.
France, grâce à toi, je sais que la mort n'existe pas.
France, tu es venue me visitée cette nuit.
Ton rire m'a réveillée.
Tu m'as dit je suis bien, si bien... Tu m'as dit merci !
Tu m'as demandé de dire à tes filles, à ta mère, à ton frère, à Sylvain, à toute ta famille... même ton père que tu les aimais d'un amour infini et que tu n'étais pas prête à revenir ( ton magnifique humour!), pas du tout prête ! Car tu étais trop bien, si bien là où tu es.
Merci pour ce cadeau, chère France.
Merci de m'avoir montré la vie, la vraie vie alors que tu quittais celle-ci !
Je t'aime.
PS : je ne mets pas ta photo. Je n'aime la photo qui nous a été donnée à l'église. Ce n'est pas toi. Enfin pas toi dans ta réalité absolue. Cette photo est triste et sans vie. Dès que j'en ai une meilleure, je la joint à cette lettre. Mais, sur ce site, c'est "Butterfly" la chanson de ton amie Mila, que tu aimes tant, qui t'accompagne maintenant sur ton nouveau chemin.... Et Samedi, avant de rentrer chez moi et quitter ce joli endroit dont tu m'as si souvent parlé "le Crotoy", j'ai été me baigner de soleil en pensant à toi, comme si tu étais là, j'ai pris un thé sur une terrasse avec Mila, Sophie et Philippe, face à la baie de Somme, la terrasse "des tourelles" cet endroit que tu aimais ! Merci de m'avoir permis de découvrir ce lieu simple et beau.